Probiotiques, sans gluten ou FODMAPs : efficaces pour mieux digérer ?

Les régimes sans FODMAPs, sans gluten ou sans lactose aident-ils réellement à mieux digérer ? Les probiotiques sont-ils efficaces pour traiter l’intestin irritable, ou simplement aider à mieux digérer ?

Intestin irritable : quelle place pour les probiotiques ?

Les probiotiques sont des micro-organismes vivants, des bactéries et des levures. Ils soulagent certains symptômes de l’intestin irritable. Si, à l’heure actuelle, ils ne sont pas une « solution miracle », ils ont toute leur place dans le traitement de l’intestin irritable.

Pris par voie orale, ils viennent enrichir le microbiote, et apportent un soulagement sans pour autant guérir la maladie.

On sait que la plupart des patients souffrant du SII ont un microbiote altéré. Dans ces conditions, il semble logique d’essayer les probiotiques en première intention, associés aux autres traitements, observe le Dr Scanzi, gastro-entérologue à l’hôpital de Thiers et au CHU de Clermont-Ferrand.

Ces probiotiques sont vendus sous forme de compléments alimentaires, non remboursés par la Sécurité sociale. Yaourts et kéfir en contiennent naturellement.

Quelle est l’efficacité des probiotiques ?

« Plus d’une dizaine d’études démontrent l’efficacité des probiotiques pour réduire les symptômes du SII,par rapport à un placebo. La difficulté, c’est que nous ne pouvons pas en tirer une conclusion générale. Certaines souches de probiotiques sont efficaces contre les diarrhées et les ballonnements, d’autres contre les douleurs intestinales et l’effet est différent selon les patients », constate le Dr Scanzi. Aujourd’hui, les souches les plus efficaces dans le SII sont :

  • Plantes Lactobacilles 299V (Smébiocta confort…) ;
  • Bifidobactérie longum 35624 (Symbiose alflorex…) ;
  • Lactobacillus gasseri (Lactiplus…).

Combien de temps prendre des probiotiques ?

Comme ces probiotiques ne se fixent pas dans l’intestin, leur effet ne dure que le temps de la prise. Leur coût (20 à 30 € par mois) peut poser problème pour ceux qui en prennent sur de longues durées. Dans cette situation, le Dr Scanzi conseille de tester une réduction de dose (passer par exemple de 2 à 1 gélule par jour) ou de faire plusieurs cures dans l’année. Une chose est sûre, « il est inutile de poursuivre au-delà d’un mois si le probiotique n’a pas d’effet ».

Certains laboratoires proposent d’analyser le microbiote à partir d’un prélèvement de selles (de 150 à 300 €, non remboursé par la Sécurité sociale). En 2020, la Société française de gastro-entérologie avait alerté sur l’inutilité de ces tests. Quatre ans après, le Dr Scanzi reste sur la même ligne : « à l’heure actuelle, je suis dans l’incapacité de soigner mes patients en fonction du résultat. Ces tests vont probablement révolutionner la médecine dans les prochaines années, mais on n’y est pas encore ».

À lire

Incroyable microbiote ! Voyage au cœur des étonnants pouvoirs de l’intestin Dr Julien Scanzi, éd. Leduc, 22 €.

Restreindre son alimentation, une bonne solution ?

Très souvent, les personnes qui souffrent du syndrome de l’intestin irritable pensent être intolérantes ou hypersensibles à tel ou tel aliment et elles n’hésitent pas à les supprimer. Or, cette stratégie n’est pas toujours payante. Elle peut même s’avérer dangereuse dès lors qu’elle tourne à l’obsession.

Les patients risquent de perdre du poids, de souffrir de carences en vitamines ou de développer des troubles du comportement alimentaire (anorexie, boulimie, N. D.L.R.), dit le gastro-entérologue François Mion.

Dans le syndrome de l’intestin irritable, seul le régime sans FODMAPs, des sucres fermentescibles, a prouvé son efficacité. Mais, en réalité, beaucoup de patients réussissent à soulager leurs maux de ventre en suivant de simples conseils de bon sens. « Une étude suédoise de 2015 compare des patients suivant le régime pauvre en FODMAPs aux recommandations diététiques de l’agence de santé britannique. L’amélioration des symptômes est identique dans les deux cas », constate le gastro-entérologue. Dans ces conditions, les régimes restrictifs doivent être réservés aux cas particuliers.

Sans FODMAP ?

Les FODMAPs sont des sucres qui fermentent dans l’intestin, générant des gaz, des ballonnements et des diarrhées. On les retrouve dans le blé, le seigle, l’orge, le lait et les fromages frais, certains fruits et légumes (haricots secs, artichauts, poireaux, oignons, choux, pommes, mangues, figues. .). Le régime pauvre en FODMAPs améliore l’intestin irritable dans 70 % des cas. Mais le Pr Mion rappelle qu’il est très contraignant. « C’est l’étape ultime quand les conseils nutritionnels de base n’ont pas donné de résultats satisfaisants », estime-t-il.

Comment faire ? Il est déconseillé de se lancer sans l’aide d’un professionnel de santé spécialement formé. Ce régime a lieu en trois étapes :

  • Substitution des aliments riches en FODMAPs par d’autres plus digestes ;
  • Observation des résultats ;
  • Réintroduction progressive des aliments tolérés.

Ce régime doit absolument être limité dans le temps. La phase de substitution ne doit pas dépasser six semaines. En l’absence d’amélioration, il n’y a aucun intérêt à continuer, précise Johana Le Lorrec, diététicienne-nutritionniste.

Sans gluten ?

Le gluten est une protéine présente dans des céréales comme le blé et le seigle. Seuls les patients atteints de maladie cœliaque, diagnostiquée par un dosage sanguin d’anticorps spécifiques, doivent l’éliminer de leur alimentation. La situation est différente en cas de SII.

Dans le syndrome de l’intestin irritable, le gluten est rarement en cause. Ce sont plutôt les fructanes du blé, des sucres qui font partie des FODMAPs qui sont impliqués dans les symptômes, ajoute le Pr Mion.

Comment faire ? Réduire les céréales complètes, riches en fructanes, peut suffire à améliorer la situation.

Sans lactose ?

Le lactose, un FODMAP, est présent dans le lait et les laitages. De nombreuses personnes le digèrent mal.

Comment faire ? Pour vérifier si la digestion s’améliore sans lactose, on peut faire l’impasse sur le lait et les laitages pendant quelques jours. « Mais il est inutile de continuer plus de deux semaines en l’absence d’amélioration », souligne Johana Le Lorrec. Poursuivi sur le long terme, ce régime induit une carence en calciumdélétère en particulier chez les femmes ménopausées. Il ne doit pas être poursuivi sans avis médical.

Sans fibres ?

Les personnes à l’intestin sensible ont tendance à se méfier des fibres alimentaires. Pourtant, elles enrichissent le microbiote et régulent le transit. Pour mieux les tolérer, il suffit de bien les choisir.

Comment faire ? Il est conseillé d’augmenter sa consommation très progressivement pour arriver à 20-30 grammes par jour. « Les fibres solubles sont à privilégier aussi bien en cas de constipation que de diarrhée », précise Johana Le Lorrec. Celles-ci sont présentes en grande quantité dans le psyllium, la gomme de guar, l’avoine, les graines de lin ou de chia, les agrumes, les kiwis…). En revanche, il vaut mieux limiter les fibres insolubles (son de blé, riz complet…) moins digestes.

Manger en paix avec son intestin : nos conseils

En résumé, pour manger tout en prenant soin de son intestin, on peut appliquer ces conseils :

  • Conserver trois repas par jour ;
  • Prendre le temps de manger ;
  • Mastiquer longuement ;
  • Boire au moins 8 verres par jour et éviter le café et l’alcool ;
  • Ne pas supprimer les crudités. Elles sont difficiles à digérer, mais elles apportent également des vitamines. Le conseil : panacher ses menus avec du cuit et du cru ;
  • Se méfier du sorbitol, un édulcorant qui agit comme un FODMAP. On en trouve dans certains chewing-gums.

À savoir

L’association des patients souffrant de l’intestin irritable (APSSII) propose un livret de conseils pratiques téléchargeable gratuitement sur son site (apssii.org).



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