Critique de livre : Le pouvoir de l’argent


Le pouvoir de l’argent : comment les gouvernements et les banques créent de l’argent et nous aident tous à prospérer. 2023. Paul Sheard. Maison aléatoire de pingouin.


Dans Le pouvoir de l’argent : comment les gouvernements et les banques créent de l’argent et nous aident tous à prospérer, Paul Sheard, économiste australo-américain et ancien vice-président de S&P Global, fournit de nouvelles explications sur l’argent, notamment sur ce qu’il est et comment les gouvernements, les banques commerciales et les banques centrales le créent et influencent sa création. Il clarifie plusieurs malentendus et controverses courants que de nombreuses personnes entretiennent à propos de l’argent, notamment la question de savoir si le gouvernement américain impose un énorme fardeau à nos petits-enfants et hypothèque leur avenir en accumulant de lourdes dettes.

Cette espèce particulière de pensée fallacieuse, appelée « erreur de catégorie », traite le gouvernement comme s’il s’agissait d’un seul foyer, alors qu’en réalité, il est analogue à un amalgame de tous les foyers d’un pays. La génération actuelle ne peut emprunter qu’à elle-même, pas aux générations futures qui n’existent pas encore. Selon Sheard, chaque génération laisse à la génération suivante un capital toujours plus important et meilleur que celui qu’elle a reçu de la génération précédente. Il n’y a aucune raison pour que les gouvernements équilibrent toujours leurs budgets, et en général, ils ne le devraient pas. Si la dette publique est trop importante à un moment donné, la politique macroéconomique peut alors y remédier.

Sheard explore de nombreux sujets monétaires importants qui sont d’actualité aujourd’hui, tels que les paniques bancaires et les crises financières, la crise de la dette souveraine en euro, les inégalités de richesse, le Bitcoin et d’autres crypto-monnaies. L’argent peut causer de graves problèmes à l’économie et à la société dans son ensemble. Le risque de paniques bancaires et de crises financières résulte de l’inadéquation inhérente entre la liquidité des créances financières générées par l’économie monétaire et l’illiquidité des actifs productifs qui constituent l’économie réelle. Le rôle de la banque centrale en tant que prêteur en dernier ressort lui permet de prévenir les crises financières et d’apaiser celles qui surviennent. Sheard affirme que la Réserve fédérale américaine a commis une erreur en n’agissant pas en tant que prêteur en dernier ressort de Lehman Brothers en 2008.

La crise de la dette souveraine de la zone euro en 2009-2010 a révélé un profond défaut structurel dans l’architecture économique de la zone euro. Les États membres sont obligés de mettre en commun leur souveraineté monétaire mais pas leur souveraineté budgétaire. Ils cèdent leur souveraineté monétaire à la Banque centrale européenne tout en conservant la responsabilité de leurs affaires budgétaires. La situation oblige les pays membres à emprunter dans une devise étrangère qu’ils ne peuvent pas produire à volonté.

Pour que l’euro perdure, dit Sheard, les membres de la zone euro doivent volontairement accepter des restrictions budgétaires strictes et reconnaître que la mise en commun de la souveraineté monétaire est un acte politique. Le droit d’un État-nation de créer et de contrôler sa propre monnaie est un aspect essentiel de la souveraineté. Selon Sheard, si les élites politiques européennes ne parviennent pas à expliquer à leurs électeurs que l’union monétaire est de nature tout aussi profondément politique que l’union budgétaire et à recueillir le consentement nécessaire pour achever l’union économique et monétaire, l’euro pourrait un jour être terminé.

Le livre examine également les forces économiques à l’origine des grandes disparités de richesse, en particulier en ce qui concerne la petite cohorte des très riches. Sheard soutient que les inégalités extrêmes de richesse sont un sous-produit des processus de marché générateurs de prospérité et que les très riches font beaucoup moins de mal qu’on le prétend souvent. Si le gouvernement juge souhaitable d’améliorer le sort des pauvres, il devrait le faire indépendamment de la manière dont il « impose les riches ».

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Enfin, Sheard considère que le bitcoin et les autres crypto-monnaies ne sont pas aussi détachés du système monétaire existant qu’ils le paraissent et qu’ils auront probablement du mal à rivaliser avec lui lorsqu’il s’agit de remplir les trois rôles canoniques de la monnaie : unité de compte, moyen d’échange et réserve de valeur. Les crypto-monnaies trouveront probablement une niche permanente dans l’écosystème monétaire, mais elles pourraient à l’heure actuelle en être au début de leur cycle d’innovation, ce qui rend les prévisions définitives difficiles. Plutôt que de remettre en question le système monétaire traditionnel, les cryptomonnaies et leurs technologies fondamentales sont plus susceptibles, en stimulant l’innovation, de contribuer à le remodeler.

En résumé, ce livre est une lecture utile à une époque où des innovations telles que le bitcoin et d’autres crypto-monnaies, ainsi que des expériences politiques telles que l’assouplissement quantitatif (QE), ont rendu essentiel la compréhension du fonctionnement de l’argent.

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